Aller au contenu

Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
81
LA FUITE.

petite perdrix qui voit quelqu’un s’approcher de son nid caché tout près. Tu me comprends, dis ?

— Oui, je te comprends. Il faut être… il faut être… comme toi. Je serai ainsi.

— Si quelqu’un te demandait où tu vas, tu répondrais que tu mènes cette voiture chargée de foin à la campagne de Knich, lequel l’avait acheté chez ton père. Entends-tu ?

— Oui, j’entends.

— Si nous arrivons sains et saufs jusqu’à la demeure de Knich, Knich viendra sur le seuil de sa porte à notre rencontre, bien sûr. Entends-tu ?

— Alors tu lui diras : « Quel beau blé vous avez dans vos champs ! Je l’ai admiré en passant. Il est encore un peu vert ; mais je crois qu’au besoin on pourrait l’utiliser même avant qu’il soit tout à fait mûr. » C’est bien long, petite fille ? Mais tu peux tout de même retenir ces paroles, pas vrai ?

— Oui, répondit Maroussia. Écoute, je vais les répéter ! »

Elle les répéta et n’oublia rien, pas une parole.

« Tu es un petit trésor ! dit l’envoyé. Maintenant, dépêchons-nous ! »

Il monta sur la voiture, fit un grand trou dans le foin et s’y cacha.

Maroussia se mit à la place qu’aurait prise un voiturier, encouragea les bœufs de sa petite voix, d’abord