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est toujours le cas ! — ne pas s’être vendue au diable, on la torture de façon atroce ; « on la met près du feu » (men zet ze bij het vuur !)[1], c’est-à-dire on lui lie bras et jambes, on la place sur une chaise, devant le feu, on lui ôte sabots et bas — si elle en porte ! — et on grille ses pieds nus sur les charbons ardents !

On désenchante aussi au moyen d’exorcismes, de formules spéciales, qui chassent le mal et ses effets (door belezen, aflezen, bezweren). L’exorciste[2] par excellence est le curé qui, malheureusement, se prête encore parfois à jouer cette comédie indigne de sa profession et de son caractère religieux. Le curé[3], d’après la croyance populaire, peut détruire l’effet de tout maléfice. Mais c’est le guérisseur, le rebouteux ou le signeur, comme on dit au pays wallon, que l’on consulte le plus souvent.

A. De Cock, dans son excellent ouvrage sur la médecine populaire en Flandre, dit qu’il connaît des guérisseurs à Denderleeuw, Denderwindeke, Nederhasselt, Borgt-Lombeek, Wambeek, Lebbeke. Nous connaissons des guérisseurs à Segelsem et à Opbrakel — dans ce dernier village, il y en a plusieurs qui se font concurrence ; dans notre jeune âge, nous avons entendu parler très souvent d’un fameux exorciste de Renaix, un bossu[4], qui faisait des miracles : il remplaçait tous les médecins et vétérinaires de l’endroit. Il désenchantait surtout les étables. — Dans Volksleven, III, 117, on parle du fameux guérisseur Peerken uit het Boekweitstroo ;

  1. D’où le sens figuré de l’expression : iemand bij ’t vuur zetten = torturer, taquiner quelqu’un (Segelsem).
  2. Belezer, aflezer, bezweerder.
  3. Dans le pays d’Alost, on cherche conseil et guérison pour tout mal chez les Bénédictins d’Afflighem et de Termonde, ou chez les Augustins de Gand. De Cock, Volksgeneeskunde, 81.
  4. Dokteur den Hond, voilà son nom. On le connaissait à cinq lieues à la ronde. Ce bossu rebouteux avait l’œil fascinateur ; il était laid et difforme, et cependant toute jeune fille dont le regard rencontrait le sien, était forcée de l’aimer. Aussi personne n’osait le regarder : il avait le mauvais œil (kwaad oog) !