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révolution française.

les cent soixante mille hommes ou environ actuellement disponibles, sur la ligne immense que nous avons décrite, et dans l’ordre que nous avons indiqué. Dix mille hommes devaient observer la Hollande quelques mille le Rhin ; quarante mille formaient l’armée du Danube, trente mille celle de Suisse, cinquante mille celle d’Italie, trente celle de Naples. Les conscrits devaient bientôt renforcer ces masses, et les porter au nombre fixé par les plans du directoire.

Le choix des généraux ne fut guère plus heureux que la conception des plans. Il est vrai que depuis la mort de Hoche et le départ de Bonaparte, Desaix et Kléber pour l’Égypte, les choix étaient beaucoup plus limités. Il restait un général dont la réputation était grande et méritée, c’était Moreau. On pouvait être plus audacieux, plus entreprenant, mais on n’était ni plus ferme ni plus sûr. Un état défendu par un tel homme ne pouvait périr. Disgracié à cause de sa conduite dans l’affaire Pichegru il avait modestement consenti à devenir simple inspecteur d’infanterie. On le proposa au directoire pour commander en Italie. Depuis que Bonaparte avait tant attiré l’attention sur cette belle contrée, depuis qu’elle était comme la pomme de discorde entre l’Autriche et la France, ce commandement semblait le plus imputant. C’est pourquoi on songea à Moreau. Barras s’y op-