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DIRECTOIRE; (1798). 43


leur promit la conservation de leur culte et de leurs coutumes, et réussit complètement à les gagner par un mélange de caresses adroites et de paroles, imposantes, empreintes d’une grandeur orientale. L’essentiel était d’obtenir des scheiks de la mosquée de Jemil-Azar une déclaration en faveur des Français. C’était comme un bref du pape chez les chrétiens. Bonaparte y déploya tout ce qu’il avait d’adresse, et il y réussit complètement. Les grands scheiks firent la déclaration désirée, et engagèrent les Égyptiens à se soumettre à l’envoyé de Dieu, qui respectait le prophète, et qui venait venger ses enfans de la tyrannie des Mameluks. Bonaparte établit au Caire un divan, comme il avait fait à Alexandrie, composé des principaux scheiks et des plus notables habitans. Ce divan ou conseil municipal devait lui servir à gagner l’esprit des Égyptiens, en les consultant, et à s’instruire par eux de tous les détails de l’administration intérieure. Il; fut convenu que dans toutes les provinces il en serait établi de pareils, et que ces divans particuliers enverraient des députés au divan du Caire, qui serait ainsi le grand divan national. Bonaparte résolut de laisser exercer la justice par les cadis. Dans son projet de succéder aux droits des Mameluks, il saisit leurs propriétés, et fit continuer au profit de l’armée française la perception des droits précédemment établis. Pour cela