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Page:Thiers - Histoire de la Révolution française, tome 10.djvu/54

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révolution française.

laquelle était parvenu le Nil : elle était de vingt-cinq pieds, ce qui causa une grande joie. On travailla ensuite à couper la digue. Toute l’artillerie française retentit à la fois au moment où les eaux du fleuve se précipitèrent. Suivant l’usage, une foule de barques s’élancèrent dans le canal pour obtenir le prix destiné à celle qui parviendrait à y entrer la première. Bonaparte donna le prix lui-même. Une foule d’hommes et d’enfans se plongeaient dans les eaux du Nil, attachant à ce bain des propriétés bienfaisantes. Des femmes y jetaient des cheveux et des pièces d’étoffes. Bonaparte fit ensuite illuminer la ville, et la journée s’acheva dans les festins. La fête du prophète ne fut pas célébrée avec moins de pompe ; Bonaparte se rendit à la grande mosquée, s’assit sur des coussins, les jambes croisées comme les scheiks, dit avec eux les litanies du prophète, en balançant le haut de son corps et agitant sa tête. Il édifia tout le saint collége par sa piété. Il assista ensuite au repas donné par le grand scheik, élu dans la journée.

C’est par tous ces moyens que le jeune général, aussi profond politique que grand capitaine, parvenait à s’attacher l’esprit du pays. Tandis qu’il en flattait momentanément les préjugés, il travaillait à y répandre un jour la science, par la création du célèbre Institut d’Égypte. Il réunit les savans et les artistes qu’il avait amenés, et les associant à quel-