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Page:Thiers - Histoire de la Révolution française, tome 10.djvu/70

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révolution française.

voisines de la France étaient les plus irritées et les plus disposées à refouler la révolution ; mais par cela seul qu’elles étaient plus rapprochées du colosse républicain, elles étaient condamnées aussi à plus de réserve et de prudence, avant d’entrer en lutte avec lui. La Russie, la plus éloignée de la France, la moins exposée à ses vengeances, soit par son éloignement, soit par l’état moral de ses peuples, était la plus facile à décider. Catherine, dont la politique habile avait tendu toujours à compliquer la situation de l’Occident, soit pour avoir le prétexte d’y intervenir, soit pour avoir le temps de faire en Pologne ce qu’elle voulait, Catherine n’avait pas emporté sa politique avec elle. Cette politique est innée dans le cabinet russe ; elle vient de sa position même elle peut changer de procédés ou de moyens, suivant que le souverain est astucieux ou violent mais elle tend toujours au même but, par un penchant irrésistible. L’habile Catherine s’était contentée de donner des espérances et des secours aux émigrés ; elle avait prêché la croisade sans envoyer un soldat. Son successeur allait suivre le même but, mais avec son caractère. Ce prince violent et presque insensé, mais du reste assez généreux, avait d’abord paru s’écarter de la politique de Catherine, et refusé d’exécuter le traité d’alliance conclu avec l’Angleterre et l’Autriche ; mais après cette déviation d’un