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Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/154

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brodée au petit point, pensif et solennel. Il avait compris. Aucun mot de pitié ne troubla la douceur de l’atmosphère. Pour combler mon âme, il ne fallait que du silence, un de ces silences infinis du fond desquels accourent des processions de lumière. Vous, vous étiez retirée dans votre chambre, tellement impressionnée par la vue de mon visage effondré que le cœur vous faillit.

Cependant la cloche de la vieille église du village se mit à se réjouir. Avec son unique note grêle elle martelait le rythme d’un noël dauphinois et c’était comme des milliers d’agneaux bondissant sur la neige des prés.

Votre grand-père se leva et m’entraîna par le bras. Les enfants du fermier nous attendaient à la porte avec des torches pour nous précéder par les chemins glissants jusqu’au portail du presbytère. Çà et là des ombres s’agitaient ; des lanternes dansaient dans la plaine, brandies par des mains invisibles. On n’entendait que des cantiques.

Vous vous teniez sous le porche de l’église,