Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/177

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ma fenêtre ouverte je ne perçois que les grésillements des grillons et la petite note flûtée des crapauds, mêlés au large souffle de la nuit. Je songe aux heures exquises passées à vous écrire, à causer avec votre présence éparse dans cette pièce, à prendre conscience de mon amour, à le voir éclore, s’épanouir et colorer de sa nuance tous mes autres états d’âme.

Je veux que demain matin dès votre réveil et avant qu’Annette, votre vieille nourrice qui sollicita le bonheur d’apprêter vos cheveux, apporte le voile blanc et la robe de crêpe de chine, — vous trouviez comme jadis, devançant ma venue, ce petit mot, le dernier d’une longue suite de confidences chères.

Et que vous dirais-je, à vous qui possédez toute ma pensée et qui m’avez aidé à descendre dans ma plus pure retraite, où je nous retrouve tous deux étroitement confondus, — que vous dirais-je, sinon qu’il fait bon, qu’il fait doux autour de nos vies et que nos âmes se liquéfient de tendresse ?