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Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/95

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core par ma synthèse, par mon désir de réconcilier les contraires, de trôner sur leur union après l’avoir accomplie.

Non, personne n’est jamais venu me distraire durant ces bienveillantes après-midi. Le soleil ne frappait pas à mon balcon ; le Luxembourg ne me faisait pas signe. La pluie mince m’avertissait d’avoir à fondre mon âme en sa monotonie. L’espace même, si j’ose dire, tout ce qui vit à l’extérieur, s’amenuisait, coulait en teintes grises, pour mieux se rendre indifférent.

Alors je me dépouillais peu à peu de mon moi social et superficiel, à la manière d’un médium qui, à force de fixer un diamant, s’évapore de sa conscience relative et descend de degré en degré vers l’état second. Je traversais les couches successives du raisonnement discursif, les régions de plus en plus denses où l’esprit lutte encore avec les objections, pour aboutir à la source ultime de mon âme, à ce que les anglais appellent subliminal self. Sans comprendre que j’étais