Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/129

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Passion de la Croix ! Ô divine folie !
Apprends-nous, apprends-nous, les secrets du pardon !
Sans doute, nous verrons, au jour de l’abandon,
La route du Calvaire avec mélancolie ;

Mais nous boirons l’ultime affront jusqu’à la lie.


Au bord du Golgotha nous plierons les jarrets
Sous la désespérance atroce des années,
Qu’on apportait en fleurs et qu’on jette fanées,
Et nos larmes fondront dans l’or des minarets ;

Mais faites de pitié, mais non pas de regrets.


Et pleurant sur la foule ignorante et méchante.
Dont l’esprit aux grandeurs sera toujours fermé,
Nous redirons bien bas le « Tout est consommé »,
Et la mort penchera notre tête penchante ;

Mais sans en altérer la beauté très touchante.


Jeunes, en qui mugit la gloire des aïeux,
Buvant le soir au bord des routes séculaires,
Vous viendrez vous asseoir aux chevets bilieux,
Malgré la certitude, au seuil de la carrière,

De mourir incompris et frappés par derrière.