Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/188

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Et lègue à ses cailloux le spectre de Pyrrha :
Mais jamais Ikanor n’a vu Dellayra.


Les arbres font neiger sur leur front la charpie
Des feuillages jumeaux que la lune estropie,
Et transperce du dard lascif de son rayon.
Ils s’avancent. L’aïeul est vêtu du sayon
En poil de chèvre, où pend le givre des années ;
La jeune fille a la candeur des matinées,
Avec la tresse blonde et l’hermine des pieds,
Et les cordons de la sandale autour liés,
Et cette exhalaison de la grâce efficace ;
L’aveugle a le bâton noueux et la besace ;
La vierge, les conseils de l’ange gardien.
Ils s’avancent. —


Ils s’avancent. — Enfant, ton chant quotidien
Se prolonge ce soir comme un écho sonore

Dans mon cœur de vieillard apaisé : Lourd Centaure,

J’ai passé ma jeunesse à chasser dans les bois
L’ombre de la Dryade et j’ai fui le hautbois.