Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/201

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Enfants vieillis, esprits lassés, écoutez-moi :
Je suis Celui qui porte en des outres rustiques
Le souffle intérieur des rivages mystiques
Et la pure fraîcheur des murmures salés,
Gonflez votre mâture, ô canots isolés !
Hélez l’ancre, tirez sur l’amarre tendue.
Changez le gouvernail et vos rames fendues ;
Et, creusant sur les flots un sillon d’or, pareils
Aux dieux des mers, voguez sans fin vers le Soleil. »


« Ma voix semait la vie aux poitrines humaines
Haletantes d’azur, je secouai les chaînes
Qui courbaient vers le sol les esprits corrompus
Par les baisers de la Raison, et j’ai rompu
Les fers étroits qui les marquaient de leurs emprises.

« Ma parole de rêve et d’amour fut comprise.

« L’homme leva la tête et vit qu’il était nu.
Ayant poussé le cri si longtemps contenu,
Par quoi s’accélérait l’heure des délivrances,
Il franchit les fossés où sa vieille croyance
Tendait les bras, riant et pleurant tour à tour,