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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/210

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Laisse mes yeux sonder le fleuve du mystère,
Qui mugit aux côtés de mon fantôme errant.
Porté selon tes vœux au bord de son courant,
Que je m’y plonge et que ma soif s’y désaltère.
— Laisse mes yeux sonder le fleuve du mystère.


Ô Lumière des Vérités, laisse-moi voir
L’âme de feu qui signifie mon corps de boue,
Et que son réseau d’or se noue et se dénoue
Un instant à travers la trame de mes soirs.
— Ô Lumière des Vérités laisse-moi voir ! »




Il dit, et dans l’instant où sa prière est faite,
Un mugissement sourd des vents et des tempêtes
S’acharne et se distend aux fentes des rochers.
La montagne frémit, les pics sont ébréchés ;
La poudre des débris s’élève et tourbillonne
Aux côtés du vieillard tremblant, qui se cramponne
Aux rameaux débandant leurs arcs pour cingler l’air.