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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/212

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Le linceul étoilé du fantôme fragile.
L’imprudente attirance et ce désir brutal
D’avoir voulu réaliser son idéal,
Inconscient essor de sa sagesse altière,
Sans s’être déchargé du faix de la matière,
Il les exècre, il les maudit, car son erreur
A fait périr l’élan du songe intérieur.


— Insensé qui pensais, sans fuir ta chair morose,
Enclore en ton sourcil toute l’âme des choses
Et caresser la Vie à tes regards mortels !
Mais l’apparence est née où dormait le Réel.
Tu plongeais jusqu’au fond des cavernes de l’Être,
Et voici que tes yeux rouverts font disparaître
L’Au delà que fermés ils avaient entrevu.
Oh ! pourquoi donc, pourquoi, vieillard, n’as-tu pas cru ?…




… Et renouant les fils usés de ses sandales,
Bâton en main, le dos courbé sous la rafale,
Ikanor le coupable, Ikanor le proscrit,
Pleurant son rêve mort, s’enfonce dans la Nuit.