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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/67

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moyen de symboles appropriés les plus hauts problèmes de l’existence. « En fait, le symbole, écrit M. Brunetière, n’ayant d’autre origine que le besoin profondément humain de rendre l’abstraction sensible en la matérialisant, n’a pas aussi d’autre raison d’être que de manifester physiquement à tout le monde ce qui n’est spirituellement accessible qu’à quelques-uns. Son objet est d’incarner l’idée. » Le Christ, pour pénétrer ses disciples de sublimes vérités, usa de paraboles par où sa doctrine sainte s’éclaire et se penche vers les humbles sans abdiquer sa grandeur. Ainsi le symboliste possède le secret d’enseigner les masses et de les élever au-dessus d’elles-mêmes. La bonté de son œuvre sociale, sans rien sacrifier aux exigences inviolables de l’art, passera de beaucoup celle des philosophes de profession et des hallucinés de la raison pure, — et Tolstoï sera content.

Ils ont bien compris encore, les symbolistes, en communion avec les dernières découvertes des sciences morales, que « la vie psychique n’est pas une unité simple, mais un ensemble et un processus continu de faits simples »[1]. À la division classique de l’âme en trois facultés, s’est substituée l’étude d’une conscience formée d’éléments enchaînés et groupés.

  1. Guido Villa, La Psychologie contemporaine, p. 469.