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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/367

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Mais je descendrai du Parnasse
Content, si vous m’y remplacez.
Je jouis peu, mais j’aime encore ;
Je verrai du moins vos amours :
Le crépuscule de mes jours
S’embellira de votre aurore.
Je dirai : Je fus comme vous ;
C’est beaucoup me vanter peut-être ;
Mais je ne serai point jaloux :
Le plaisir permet-il de l’être ?




ÉPÎTRE LXXXI.


À MONSIEUR LE CARDINAL QUIRINI[1].


Berlin, 1751.


Quoi ! vous voulez donc que je chante
Ce temple orné par vos bienfaits,
Dont aujourd’hui Berlin se vante !
Je vous admire, et je me tais.
Comment sur les bords de la Sprée,
Dans cette infidèle contrée
Où de Rome on brave les lois,
Pourrai-je élever une voix
À des cardinaux consacrée ?
Éloigné des murs de Sion,
Je gémis en bon catholique.
Hélas ! mon prince est hérétique,
Et n’a point de dévotion.
Je vois avec componction
Que dans l’infernale séquelle
Il sera près de Cicéron,
Et d’Aristide et de Platon,
Ou vis-à-vis de Marc-Aurèle.

  1. C’est le cardinal bibliothécaire du Vatican, à qui Voltaire avait dédié Sémiramis. Voyez tome III du Théâtre, p. 487.