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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome11.djvu/219

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DE LA PERSE, ET DU SADDER.

Zend, l’un des trois plus anciens livres qui soient au monde, comme nous l’avons dit dans la philosophie de l’histoire qui sert d’introduction à cet ouvrage. Ce mot Zenda-Vesta signifiait chez les Chaldéens le culte du feu ; le Sadder est divisé en cent articles, que les Orientaux appellent Portes ou Puissances : il est important de les lire, si l’on veut connaître quelle était la morale de ces anciens peuples. Notre ignorante crédulité se figure toujours que nous avons tout inventé, que tout est venu des Juifs et de nous, qui avons succédé aux Juifs ; on est bien détrompé quand on fouille un peu dans l’antiquité. Voici[1] quelques-unes de ces portes qui serviront à nous tirer d’erreur.

Ire Porte. Le décret du très-juste Dieu est que les hommes soient jugés par le bien et le mal qu’ils auront fait : leurs actions seront pesées dans les balances de l’équité. Les bons habiteront la lumière ; la foi les délivrera de Satan.

IIe. Si tes vertus l’emportent sur tes péchés, le ciel est ton partage ; si tes péchés l’emportent, l’enfer est ton châtiment.

Ve. Qui donne l’aumône est véritablement un homme : c’est le plus grand mérite dans notre sainte religion, etc.

VIe. Célèbre quatre fois par jour le soleil ; célèbre la lune au commencement du mois.

N. B. Il ne dit point : Adore comme des dieux le soleil et la lune ; mais : Célèbre le soleil et la lune comme ouvrages du Créateur. Les anciens Perses n’étaient point ignicoles, mais déicoles, comme le prouve invinciblement l’historien de la religion des Perses.

VIIe. Dis : Ahunavar, et Ashim Vuhû, quand quelqu’un éternue.

N. B. On ne rapporte cet article que pour faire voir de quelle prodigieuse antiquité est l’usage de saluer ceux qui éternuent.

IXe. Fuis surtout le péché contre nature ; il n’y en a point de plus grand.

N. B. Ce précepte fait bien voir combien Sextus Empiricus se trompe quand il dit que cette infamie était permise par les lois de Perse.

XIe. Aie soin d’entretenir le feu sacré ; c’est l’âme du monde, etc.

N. B. Ce feu sacré devint un des rites de plusieurs nations.

XIIe. N’ensevelis point les morts dans des draps neufs, etc.

  1. Cet extrait du Sadder et les réflexions qui le suivent jusques à l’alinéa qui commence par les mots : La doctrine des deux principes, parurent pour la première fois dans les Remarques pour servir de supplément à l’Essai sur l’Histoire générale, etc., 1763, in-8o ; ils formaient la xie remarque. (B.)