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DÉCLARATION[1]
DE M. DE VOLTAIRE
SUR LE PROCÈS
ENTRE M. LE COMTE DE MORANGIÉS ET LES VÉRON.
(1773)



Ma famille fut attachée à la famille de M. le comte de Morangiés ; mon père fut longtemps son conseil[2]. Mais sans écouter aucune prévention, et étant absolument sans intérêt, je ne me déterminai à croire M. le comte de Morangiés entièrement innocent dans son étrange procès contre la famille Véron qu’après avoir lu toutes les pièces, et tous les mémoires contre lui.

Il me parut absurde et impossible qu’un maréchal de camp, qu’un père de famille, dont les affaires à la vérité sont dérangées, mais qui n’a jamais commis aucune action criminelle, eût conçu le projet extravagant et abominable qu’on lui impute. Non, il n’est pas possible qu’un ancien officier, qui n’a pas l’esprit aliéné et endurci dans la scélératesse, eût imaginé non-seulement de voler cent mille écus à une veuve nonagénaire, mais d’accuser la famille de cette veuve de lui avoir volé à lui-même ces cent mille écus, et de chercher à faire périr cette famille dans les supplices. Il ne me paraissait pas dans la nature qu’un homme obéré, qu’on prétend avoir été tiré tout d’un coup par le sieur

  1. Cette Déclaration est postérieure au 16 février, mais doit être de la fin du même mois ou des premiers jours de mars. Voltaire l’envoya à Marin pour la faire imprimer, et, le 27 mars, il accuse réception d’exemplaires imprimés.

    L’édition porte pour lieu d’impression Lausanne ; mais on voit, par la lettre que j’ai citée, qu’elle fut faite à Paris. On avait imprimé à la suite la Réponse à l’écrit d’un avocat, qui suit immédiatement la Déclaration. (B.)

  2. Voltaire lui-même avait été fort lié dans sa jeunesse avecla mère de Morangiés.