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Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t1.djvu/402

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Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve "au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L’Esprit cruel et le rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l’Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l’éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d’énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l’on n’y veille, elle ira jusqu’où ?

Oh ! qui dira les torts de la Rime !
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d’un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée,
Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée
Vers d’autres cieux à d’autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym…
Et tout le reste est littérature.


(Jadis et Naguère.)


ARIETTE


Il pleut doucement sur la ville.
Arthur Rimbaud,

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur î

O doux bruit de la pluie,
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
Oh ! le chant de la pluie !