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VOYAGEUSES DES CIEUX


Vers le soir, quelquefois, à nos pauvres yeux d’homme,
Douce et mystérieuse, une étoile, un atome,
Apparaît dans les cieux profonds ;
Et l’étoile grandit, et rayonne, et s’égrène,
Et dans les plis flottants de sa robe de reine,
Illumine en passant nos fronts.

Voyageuses des cieux aux longues chevelures,
Telles vous paraissez, lorsque vos aventures
Vous égarent dans nos déserts ;
Astres qu’on voit passer à l’horizon des mondes,
Comme on voit les vaisseaux aux grandes voiles blondes
Passer à l’horizon des mers !

Telles vous paraissez, d brillantes comètes,
Secouant dans l’éther les flammes de vos têtes
Comme un flambeau triomphateur ;
Et poursuivant toujours votre route sublime,
Votre front éclatant dans les mers de l’abîme
Va s’enfoncer comme un plongeur !

O vous qui contemplez tant de brillantes choses,
O vous qui traversez tant d’effets et de causes
Et de mystères inconnus,
Combien de faits obscurs, combien de grands problèmes
Où nos faibles esprits désespèrent d’eux-mêmes,
Qui pour vos yeux n’existent plus !

Jusqu’où donc allez-vous, mes belles voyageuses ?
Ne dépassez-vous point nos planètes poudreuses,
Odalisques du vieux soleil ?
Et, touchant aux confins du domaine solaire,
Craignez-vous d’échauffer l’espace solitaire
Aux feux de votre front vermeil ?

Non, non ! Je veux le croire, et je le crois, mes reines.
Vous ne demeurez pas en de honteuses chaînes
Dans ce petit recoin des cieux ;
Il en est parmi vous à l’humeur vagabonde,