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propose la lecture, retranchent les hors-d’œuvre, expliquant brièvement les passages dont la lecture fatiguerait, facilitant ainsi la tâche du public et du lecteur. * (Louis Payen.)

Le poème Le Pain représente la tendance sociale des dernières œuvres de M. Maurice Bouchor.



ÉPILOGUE DES SYMBOLES


Ainsi j’ai vainement répandu devant toi
Mon cœur tout débordant de tendresse et de foi !
Certes, je le savais, désir de tout mon être,
Que l’esprit se consume en vain sans te connaître ;
Mais dans tes sombres cieux j’espérais voir jaillir
Une brusque lueur qui me fit tressaillir…
O Dieu, je t’ai rêvé sous des formes sans nombre.
Avec les peuples j’ai frissonné dans ton ombre ;
A tous j’ai demandé de sincères accents ;
Les siècles m’ont fourni les rites et l’encens….
A quoi bon, Dieu muet ? Du fond de ton mystère
Rien n’est venu répondre à mon cri solitaire.
Tour à tour ont pâli mes rêves éclatants,
Suscités par l’esprit des peuples et des temps.
J’en souffre : leur départ m’attriste comme un blâme.
Tous eurent leur beauté ; tous manquent à mon âme ;
Et je me suis armé d’un courage cruel
Pour étouffer en moi ma passion du ciel.
Ah ! peut-être que sous d’impénétrables voiles
Un juste Dieu respire au delà des étoiles,
Et que ces mêmes yeux, aveugles aujourd’hui,
Pendant l’éternité se repaîtront de lui !
Mais il faut renoncer à des efforts stériles.
Si j’ai vécu longtemps loin des luttes viriles,
Je me sens soulever par de nobles élans ;
Et je marche, guéri de mes songes troublants.

Ne te lamente pas, homme des nouveaux âges,
Parce que dans les yeux des voyants et des sages
Les rêves du passé ne resplendiront plus.
N’épuisant point sa force en labeurs superflus,