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de l’Académie française et l’intéressante brochure que viennent de publier MM. Poinsot et Normandy sur les tendances de la poésie nouvelle, j’insisterai à mon tour sur des innovations nécessaires qui tendent à élargir le domaine poétique, qui sont acceptées par des poètes de grand talent et dont l’emploi est fort justifiable pourvu qu’il se fasse avec méthode, tact et goût, afin de gardera la pensée sa pleine valeur et sa juste expression, ce respect du bien dire. »

Voici les réformes préconisées par M. Pierro de Bouchaud ; t° Le déplacement de la césure dans l’alexandrin. « Le déplacement de la césure peut, sans démembrer le vers, créer des rythmes nouveaux. C’est donc une innovation des plus importantes qu’il faut préconiser, parce qu’elle respecte le nombre tout en modifiant la structure habituelle des mètres, surtout de l’alexandrin. » 2° La rime pour l’oreille et non pour les yeux. « Le vers, étant une sorte particulière de musique, doit être fait plus pour l’oreille que pour l’œil. Je ne vois pas pourquoi l’on n’abandonnerait point de temps en temps la rime à l’œil. » 3° L’inobservance de l’alternance des rimes. « Pourquoi observer toujours l’alternance des rimes ? En dehors de la stance, où l’ordre des rimes doit être toujours le même (la stance était une « forme musicale » autrefois), pourquoi faire toujours succéder une rime féminine à une rime masculine ? C’est une habitude contractée par analogie avec des pièces chantées. Souvent le poète ; dit mieux ce qu’il veut dire, en n’ayant pas le souci d’introduire deux vers en cheville pour placer à l’endroit voulu la rime dont il a besoin. » 4° L’emploi de l’hiatus. « Je ne vois pas en quoi Y hiatus est opposé au génie de la langue poétique , Toute la Pléiade en acceptait l’usage, et beaucoup plus souvent qu’on nu le pense communément. Mais il faut en user avec tact, il faut s’en servir avec circonspection et veiller avec soin à l’union euphonique des voyelles, afin d’éviter un heurt de sons désagréables à l’ouïe. »