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ÂME BLANCHE

là, toute neuve, avec son petit trousseau, achetés, de mes économies, à l’intention de ma mère et que je devais porter à Uccle le jeudi suivant. Ce que je racontai à Jacques en lui disant l’état de la pauvre Mme Veydt jeune.

— Oh ! si j’étais plus grand et en possession de ma fortune, je la ferais sortir de son hospice, moi, votre maman, répétait-il, et nous saurions bien la soigner et la guérir, à nous deux !

L’échange de nos confidences avait fait de nous, immédiatement, une paire d’amis. Mais Jacques n’était pas organisé pour pouvoir tenir longtemps à la même place ; un besoin d’action le travaillait sans cesse, et, revenant à sa première idée :

— Donc, conclut-il, il n’y a pas de trapèze ici ?

Je lui expliquai que jamais ma grand’mère n’aurait admis chez elle un semblable engin.

— Ah ! s’écria-t-il, si seulement nous avions de bonnes cordes et un rouleau de store, j’aurais vite fait d’en organiser un dans son grenier, moi !

Cette idée d’un trapèze, dans le grenier de Mme Veydt, séduisit ce qui était resté en moi d’espièglerie frondeuse et, prenant Jacques par la main, je l’entraînai vers les combles, en disant :

— Allons voir si nous ne trouverons pas notre affaire là-haut.

Nous la trouvâmes si bien, qu’en peu de temps le trapèze était construit, les cordes, solidement fixées à une maîtresse-poutre, grâce à une