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ÂME BLANCHE

et je courais d’une chambre à l’autre comme chez moi, comme si je me fusse enfin trouvée dans le logis adéquat à ma personne et à mes goûts.

Pourtant, l’idée d’y rester, de consentir à suivre Jacques dans ses projets de révolte et d’exode ne m’arrêta pas un instant. Et comme Flup, vêtu de ses habits du dimanche, tout à fait singulier dans une vareuse de laine pourpre, se disposait à franchir la passerelle afin de gagner la berge et, de là, la ville et la rue Marcq, pour sa démarche auprès de mon grand-père :

— Monsieur, dis-je bravement, je vais vous accompagner ; je n’irai pas à l’école ce matin. Je retourne à la maison.

— Oh ! Lina, Lina ! protestait le jeune Holstein, c’est ainsi que vous m’abandonnez ! Vous n’avez donc aucune affection pour moi |

Notre séparation lui faisait plus de chagrin qu’il ne voulait le montrer et, moi-même, j’avais l’âme bien triste à la perspective de ne plus le voir de longtemps, car il était toute la joie de ma sévère enfance et je devais garder de la Reyn bloem un souvenir enchanté. Mais avais-je Je droit d’être encore une enfant et de me laisser dominer par des tentations puériles ?

— Vous savez bien que je me dois à ma mère, répliquais-je simplement.

Et il comprit. Sans insister davantage, il me serra dans ses bras, gagna la cabine à destination culinaire, et je vis, par le hublot, son mouchoir