Ma tante finit par comprendre nos explications et, chose singulière, le récit de la fugue de Jacques, au lieu de la fâcher, la laissa distraite, indifférente.
Quand nous en vînmes à lui exprimer le désir de ce jeune homme, ses idées de voyage en bateau, de séjour à la campagne, une espèce de satisfaction, une visible impression de soulagement passa sur ses traits maigres et décomposés. Elle s’empressa d’acquiescer à la demande de Flup, elle dit :
— Je prends tout sur moi ; j’autorise le pupille de mon père à partir avec vous, M. Flup ; j’ai la procuration du docteur Veydt.
Comme le patron de la Reyn bloem, dans son langage rustaud, mais prudent, réclamait « un petit mot décrit, pour sa décharge morale » elle lui rédigea immédiatement, sur un coin de table, un billet autorisant, au nom de M. Veydt dont elle avait les pleins pouvoirs, Jacques Holstein à naviguer sur la Reyn bloem en compagnie des époux Flup.
Je tombais des nues ; cette indulgence conciliante, cette bienveillance presque débonnaire, cette usurpation autorisée des droits et prérogatives du docteur cadraient si peu avec les habitudes de Mlle Josine ! Flup, assez surpris lui-même de l’excessive aisance de son ambassade, serrait le précieux papier dans sa bourse,