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ÂME BLANCHE

dre parmi toutes ces vieilles gens ! Mais c’est fini ; c’est moi, désormais, qui vais m’occuper de vous…, vous serez notre petite fille et je vous gâterai !

— Ma tante, ma tante, que vous êtes bonne ! m’écriais-je, séduite par tant d’enjouement, par un accueil si chaleureux.

— Vous ne pouvez rester fagotée comme vous voilà, Line ; je n’oserais vous montrer à personne, poursuivit-elle.

Et, sur-le-champ, elle décida un voyage à Bruxelles pour l’achat de toutes les choses qu’elle jugeait indispensables à ma toilette. Déjà, elle feuilletait l’Indicateur :

— Tant pis, vous allez retourner d’où vous venez, fit-elle. Il est onze heures ; Mangez un morceau sur le pouce si vous en avez envie, puis nous reprenons ensemble le train de douze heures cinquante et nous courons les boutiques de la capitale. Nous avons tout le temps de faire cela et d’être de retour à Anvers ce soir, pour le dîner. Ici, je ne trouverais rien d’acceptable… C’est la province !

Intimidée par ce flux de paroles, je ne savais comment protester, comment dire ma pensée qui était que, dans ma position de fortune, devenue si précaire, une petite fille n’avait guère besoin d’élégantes toilettes.

— Ma tante, balbutiais-je enfin, ma tante, n’oubliez pas combien les temps sont changés : je suis pauvre…