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ÂME BLANCHE

d’enfant, à constater le changement que la toilette de son choix et les leçons du maître à danser avaient apporté dans ma tournure, dans mon aspect général. Elle-même avait prétendu m’apprendre le piano et elle affirmait que mes progrès étaient considérables et que je possédais le don de l’harmonie. Le fait est que je me livrais à l’étude de la musique avec une vraie passion et que jamais élève ne fut aussi docile.

— Que vont dire mes amies ? s’écriait parfois ma tante Hélène, en me considérant de l’air satisfait de l’artiste devant son œuvre la plus chère. C’est que ce sera une vraie surprise ; la plupart sont absentes et je ne leur ai point parlé de vous dans mes lettres. À la fin du mois d’octobre, je vais reprendre mon jour de réception et nous les verrons accourir l’une après l’autre. Elles seront bien étonnées !


Elles ne le furent pas tant que cela, et Mme Lorentz en eut une déception.

Quand, dans le grand salon Louis XVI, où un domestique en culottes et bas de soie introduisait les arrivants, ces dames virent, aux côtés de la maîtresse de la maison, une grande gamine vêtue à ravir par la bonne faiseuse, et qui saluait selon les règles du parfait savoir-vivre, elles y firent à peine attention : leurs filles étaient toutes pareilles ou, dans le même genre, et elles jugeaient, sans doute, que c’est