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ÂME BLANCHE

des bourgeoises de la Flandre et, à son côté, suspendu à une chaîne de métal, un trousseau de clefs clinquantes, nous attendait, debout devant la table où quatre couverts s’espaçaient sur une nappe en toile-cirée. Comme j’entrais, elle s’était écriée :

— Ah ! c’est la petite.

Sans me souhaiter autrement la bienvenue, mais, s’empressa autour de Wantje, la servante, qui venait de desservir le dîner du docteur, et qui en rapportait d’en haut les reliefs, sur un plateau paré d’une fine serviette : M. Veydt, très soigneux de sa santé, ne soupait point, mais prenait son dernier repas deux heures avant celui de ces dames.

— Comment Monsieur a-t-il trouvé son poulet de grain ? — Le consommé lui a-t-il paru meilleur aujourd’hui ?… — Et la compote, n’était-elle pas un peu amère ?… — Il s’en est plaint ?… — Je m’en doutais ; vous auriez dû y ajouter du sucre, fit la vieille dame, tout d’une haleine, en s’assurant, avec une satisfaction visible, que « Monsieur » avait bu jusqu’à la dernière goutte sa bouteille de Chambertin, en ne laissant guère, dans les plats, que la carcasse décharnée de sa volaille.

Et, avant de se mettre elle-même à table, elle ouvrit, à l’aide d’une des clefs de son trousseau, une boîte en fer blanc cadenassée, prise dans une armoire, et d’où elle eut bientôt