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ÂME BLANCHE

par dix degrés de froid et ne grelottant pas sous sa maigre robe de percale ; bien mieux : m’offrant sa chaufferette et m’obligeant à l’accepter, pour peu que je fusse en humeur de rester là quelque temps.

Je l’aimais pour les belles histoires qu’elle me contait parfois, pour sa douceur câline et sa voix tendre. Elle avait des délicatesses et des fiertés que je partageais ; de toute la maison, elle seule me traitait en enfant, comprenait que jouer à la poupée fût, pour moi, un plaisir ; que je pusse m’intéresser aux petits oiseaux du jardin, aux cabrioles d’un chat sur la toiture d’en face ; que j’eusse des larmes pour un chien battu, dans la rue, et hurlant, ou, un cheval effondré sur le pavé et qui, de ma fenêtre, me semblait mort. Dès que, la fièvre me lâchant, mes idées redevinrent plus précises, je demandai à ma tante Josine :

— Et sainte Véroncica, où est-elle ?

— Ici, auprès de vous, ma toute petite, me fut-il répondu par celle-là même dont je réclamais la présence.

Et j’appris que depuis le début de ma maladie, elle n’avait guère quitté mon chevet, se relayant avec Mlle Veydt pour me veiller.

Alors commença pour moi une ère délicieuse ; grâce à Véronique je n’ai retenu de ma convalescence qu’un souvenir charmé. C’était aux plus chaudes journées d’août ; ma tante Josine, très