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VIII


Quand je fus en état de me lever et de marcher, c’est Véronique qui me fit faire mes premières promenades au jardin. Mais notre jardin n’était ni très vaste ni très gai. Il faisait suite à une cour étroite et longue, sombre comme un puits à cause de la hauteur des trois corps de bâtiments qui l’enfermaient. Le jardin, lui, était séparé de ceux des voisins par des murailles tapissées de cerisiers du Nord, d’abricotiers et de pêchers.

On réservait les fruits fournis par ces arbres aux desserts quotidiens du docteur et aux confitures, compotes et marmelades faites par Mme Veydt à l’intention de son mari. Jamais je n’eus la bonne joie gourmande d’en cueillir un moi-même pour y mordre à belles dents, comme font les autres petits chez leurs grands-parents complices et approbateurs.

Ce jardin, où l’on m’occupait toute l’année à sarcler les folles végétations, était d’une netteté, d’une symétrie, d’une froideur désespérantes ; sur la pelouse, tondue à la mécanique, pas un brin d’herbe ne dépassait les autres et les pâquerettes ou renoncules qui, d’aventure, s’y fussent