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pensai qu’en effet ce serait le mieux, mais je rencontrai en route Maurice de Courcy.

— Ah ! s’écria-t-il, je croyais, Morville, que vous aviez pour le moins la fièvre typhoïde ! En ami, je vous conseille de retourner chez vous et de tomber malade, c’est le seul moyen de vous disculper.

— J’essayai de le faire parler raison ; mais avec lui c’est la chose impossible. Puis je rencontrai Thorndale, qui me salua froidement, et passa de l’autre côté de la rue, ce qui me fit prévoir l’accueil que je devais attendre de Philippe. Pour m’en assurer, je passai chez le capitaine, et enfin j’obtins une explication raisonnable. Philippe se montra très… très…

— Très gracieux ? suggéra Amy,

— Justement. La seule chose qui me fâchât, c’est que nous ne pûmes jamais parvenir à nous comprendre. Il me trouvait très excusable ; mais je ne pus le faire revenir de l’idée… où l’a-t-il prise ? je n’en sais rien… que j’étais resté à la maison parce que j’avais un sujet de chagrin ; et il n’a jamais voulu s’expliquer, malgré toutes mes instances.

— Qu’il est désagréable, dit Amy. Et vous ne pouvez deviner sa pensée ?

— Je n’en ai pas le moindre soupçon. Je l’assurai vainement que je n’étais fâché contre personne ; il eut l’air de savoir mieux que moi ce qui en était, et me dit qu’il m’excusait parfaitement.

— Qu’il est insupportable !

— Non, ne me flattez pas, Mademoiselle, il faut que je lui aie donné quelque raison de le croire, et mon