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— Bien ! me croirez-vous donc quand je vous dirai que Laura aime Philippe ?

— Certainement ; quand même nous n’aurions pas Charles pour savoir ce que c’est qu’un frère, nous saurions, grâce à Philippe, ce qu’est l’amitié fraternelle.

— Un frère ! Ne vous faites pas plus ignorante que vous ne l’êtes. Ne comprenez-vous pas, Amy, ce que je veux dire ?

— Oh ! dit elle en rougissant, vous plaisantez ; il ne l’a jamais demandée.

— Mais supposons qu’il soit sur le point de le faire ?

— Non, cela ne se peut pas.

— Pourquoi donc ?

— Parce que nous sommes cousins, et par une foule d’autres raisons. Mais, ne parlez pas ainsi, Eva, s’il vous plaît : maman serait fâchée si elle le savait. Et ne plaisantez pas non plus Laura : cela ne sert qu’à gêner tout le monde.

Amy disait « s’il vous plaît » d’une manière à laquelle on ne pouvait résister ; Eveline sentit qu’elle devait céder. Puis elle respectait trop Laura et Philippe pour se moquer d’eux, quoiqu’elle se prît quelquefois à rire de Philippe pour cacher son embarras auprès de lui.

Le lendemain matin madame Edmonstone jugea prudent de se tenir au salon avec les jeunes filles ; mais elle prit une peine inutile, car les messieurs ne vinrent pas les joindre.

Laura avait l’air plus à son aise ; cependant elle désirait avec ardeur d’avoir une conversation avec Phi-