Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/20

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— L’aimiez-vous, à tout prendre ? demanda Laura. J’espère qu’il n’avait pas le caractère violent des Morville. Oh ! vous croyez que oui ? Quel malheur !

— Il a de belles qualités, dit Philippe, mais je crois que son grand-père ne le dirigeait pas bien. Cependant le pauvre vieillard ne pensait qu’à cet enfant et aux moyens de le préserver du mal. Il ne lui permettait pas d’avoir de compagnons de son âge ; il le faisait constamment surveiller et lui demandait compte de ses moindres actions avec tant de rigueur, que je ne comprends pas comment Walter pouvait le supporter.

— Cependant, fit observer Amy, vous nous disiez qu’il ne se gênait pas avec son grand-père !

— Il est vrai, ajouta sa mère, et cela me donnait une idée favorable de son éducation.

— Comme je vous le disais, reprit Philippe, il a beaucoup de franchise et plusieurs belles qualités ; mais c’est un vrai Morville. Je me rappelle un trait qui vous fera voir à la fois ses bons et ses mauvais côtés. Vous savez que Redclyffe est au bord de la mer, dans une situation très pittoresque, avec ses hautes falaises couronnées de bois. Dans une crevasse des plus inaccessibles, à moitié chemin de la mer, il y avait un nid de faucons. En regardant du haut des rochers on pouvait voir les oiseaux entrer et sortir. Que fit maître Walter ? Il descendit ou se laissa glisser là-bas, pour s’emparer du nid. Comment il en revint vivant, c’est ce que personne ne peut comprendre, et son grand-père ne pouvait sup-