— Charles, mon frère, dit Amy d’une voix caressante, ne parlez pas ainsi.
— Je crois que Philippe a rendu mon père fou avec ces histoires inventées par sa sœur !
— Charles, elle ne les a sans doute pas inventées ?
— Quoi ! vous les croyez aussi ?
— Non ! jamais.
— Ce qui m’indigne, reprit Charles, c’est de le voir s’emparer à ce point de mon père pour le pousser à tout ce qu’il veut !
— Philippe partira bientôt, fit observer Amy, ne trouvant rien de plus charitable à dire.
— C’est une consolation ; mon père reviendra alors à son état naturel. Pourvu qu’en attendant ils ne poussent pas Walter à quelque action désespérée.
— Non, il n’y a pas de danger.
— Eh bien ! donnez-moi ce buvard, s’il vous plaît. Je veux lui écrire et lui dire que nous ne sommes pas tous les dupes de Philippe.
Amy donna à son frère ce qu’il demandait, et tâcha de s’occuper auprès de lui à préparer des graines pour le jardin. Après un moment de silence Charles reprit :
— Que lui dirai-je de votre part, Amy ?
— Je ne crois pas que je doive lui faire rien dire.
— Quoi ! vous n’auriez pas le droit de lui faire savoir que vous ne le croyez pas un mauvais sujet ?
— Papa m’a dit qu’il ne voulait plus… Ici sa voix fut étouffée par ses pleurs.
— C’est absurde, Amy ! Mon père avait approuvé