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toujours tourmenté par la pensée des souffrances que son propre père faisait éprouver à Walter. Sa seule consolation était la persuasion qu’il supporterait noblement cette épreuve. Elle était heureuse aussi de voir que sa mère et Charles partageaient la bonne opinion qu’elle avait de lui, et, s’il ne lui était plus permis de l’aimer comme auparavant, elle sentait qu’elle pouvait au moins prier pour Walter Celui qui connaît le secret des cœurs. Ainsi, une fois le premier jour passé, elle se remit assez bien. Sans doute elle était silencieuse et grave, et ce n’était plus elle qui égayait toute la maison : mais elle s’intéressait à tout ce qui se faisait, et un observateur superficiel aurait à peine remarqué son air de mélancolique soumission. Son père, enchanté de sa docilité, lui faisait mille amitiés, et l’appelait la perle des bonnes filles ; mais il avait trop peur des larmes de femmes pour oser lui parler de Walter, et il laissait ce soin à sa mère. Madame Edmonstone, de son côté, la voyant soumise à la volonté de son père, aimait mieux aussi ne pas revenir sur ce sujet. Elle n’osait pas encourager sa fille dans ses sentiments à l’égard de Walter, car ce jeune homme, si son innocence était reconnue, pourrait se sentir trop offensé pour désirer de renouer sa liaison avec la famille Edmonstone.

Pour Charles, il combattait toujours, et reprochait à son père d’avoir brisé le cœur de sa fille. Il ne parlait que d’injustice, jusqu’à ce que M. Edmonstone déclara qu’il lui était impossible de supporter plus longtemps l’insolence de son fils.