Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 86 —

— Il ne l’oublie pas ! s’écria Amy ; mais elle baissa aussitôt les yeux, en rougissant de l’avoir si bien compris.

Ils continuèrent à marcher en silence ; enfin Laura lui dit :

— Est-il vrai que vous ressemblez au portrait de ce malheureux Hugh de Morville ?

Walter soupira.

— Il faut donc qu’on l’ait fait avant qu’il devînt un si méchant homme, dit Amy. Laura pensait de même, quoiqu’elle ne le dît pas.

Ils furent interrompus par la voix de M. Edmonstone, qui appelait Walter pour tirer un lapin ; et il quitta aussitôt les deux sœurs.

Quelques jours auparavant, il avait été question d’une partie de chasse, dont Walter se promettait le plus grand plaisir. Mais, comme son cheval ne pouvait suffire à toutes les fatigues qu’il lui imposait, il avait chargé Philippe de lui en acheter un autre. Ce dernier, avec sa complaisance habituelle, avait passé la matinée à terminer ce marché, lorsque, en rentrant chez lui, il trouva la carte de Walter Morville, sur laquelle celui-ci avait écrit au crayon : « Mon cher Philippe, je trouve que la chasse et l’étude ne vont pas bien ensemble, ainsi n’achetez pas ce cheval. Mille remercîments. » — Prenant cela pour une bouderie à cause de la scène de la veille, Philippe arriva d’assez mauvaise humeur à Hollywell. Il trouva les deux sœurs au jardin, et, les explications de Laura n’ayant pas réussi à lui faire admettre les raisons de