Page:Young - Les Nuits, trad. Le Tourneur, t. 1-2, 1827.djvu/35

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blime, si original dans ses Nuits, n'est plus dans ses odes qu'un versificateur froid et vulgaire. Cette imagination si fougueuse, si amoureuse du désordre, s'éteint dès qu'il touche la lyre.

Le poëme, où il me paraît avoir montré le plus de sagesse et de goût, c'est le Triomphe de la Religion, ou l'Amour vaincu, qu'il donna peu de temps après son Jugement dernier. Le sujet est des plus propres à intéresser. La malheureuse Jeanne Gray, dont on connaît la fin tragique, en est l'héroïne. Si ma traduction a quelque mérite, et si j'ai rendu mon original, on ne sera point étonné du grand succès qu'il eut en Angleterre. Cet ouvrage attira tous les yeux sur ses talens et établit sa réputation. Beautés d'imagination, de sentiment, de morale, tout est prodigué dans ce récit poétique et touchant. On y trouve les scènes les plus théâtrales et les tableaux les plus pathétiques. Young est sublime dès qu'il peut s'attrister. C'est le peintre du malheur.