Page:Young - Les Nuits, trad. Le Tourneur, t. 1-2, 1827.djvu/44

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toujours prête à s'enlever vers le lieu de son origine, elle plane librement au-dessus du corps mortel que son poids attache à la terre. Ainsi la nuit dans son silence même me révèle une âme immortelle : la nuit dans son obscurité m'annonce un jour éternel. Le sommeil qui engourdit mes sens instruit ma raison, et les vains songes ne voltigent point en vain autour de moi.

Les songes de la nuit peuvent nous donner des leçons utiles. Ce sont les rêves que l'homme fait éveillé, qui lui sont funestes. Combien de fois j'ai formé des assemblages d'idées plus extravagans que les tableaux désordonnés du sommeil! Je voulais unir des choses insociables et donner un être à l'impossible. Insensé! Je me promettais des plaisirs stables sur le théâtre changeant du monde; des jours clairs et sereins au milieu des tourmentes de la vie; un bonheur calme sur les flots agités! Quel univers enchanteur habitait ma jeunesse! De quelles riches couleurs mon imagination me peignait tous les objets! Ce n'étaient que rians tableaux, que perspectives agréables et variées, que plaisirs sur plaisirs dans un long enchaînement. Dans quels transports je me prome-