Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/196

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sourire à l’Infini. Il y avait bien là une dizaine de personnes. Pas une seconde je ne pensai que ces jeunes femmes et ces jeunes gens pussent attirer son regard. Pas un instant je ne doutai que je ne fusse le seul, quand il aurait rencontré le mien, à pouvoir satisfaire ses curiosités divines. Ne semblais-je pas le seul à avoir deviné son essence ?

On fit pivoter les raquettes je devins son adversaire. Je fus enragé de la vaincre. C’était une frénésie, le combat de Jacob et de l’ange ! Tu conçois l’orgueil de triompher de l’ange ! Mais elle me battit. Enfin, voilà comment je connus Alice.

Aucune réflexion, aucune déduction, aucune pensée logique cet après-midi-là. Les yeux du génie charmant et les miens s’étaient rencontrés plusieurs fois. J’étais complètement ivre. J’ai raconté à Laffrey ce qui s’était passé là ; il m’a affirmé que la véritable naissance de l’amour n’est pas autre chose et que c’est ainsi que lui-même fut pris par cette belle jeune femme que la maladie lui refuse sans cesse.

Cela dura la nuit, toute la journée du lendemain : une sorte d’hypnotisme. Je dois avouer — car en ce moment, mon vieux, tout en te confiant mon cas, je l’analyse, j’examine ma conscience, je veux me rendre à moi-même un compte exact de