Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/198

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en faisant un premier pas vers ma petite joueuse de balles, je ne m’engageais pas envers quelque fille pauvre reçue par faveur dans un cercle élégant. Alice sentait la fortune. Elle l’avait dans le port de tête, dans son rire, dans sa liberté souveraine, dans son petit pied dominateur. On la voyait très bien s’engouffrant après la partie dans une salle de bains à mosaïques, parmi les flacons de cristal et d’argent, pour plonger son corps bruni de jeune oisive qui eut tout le temps de se hâler au soleil, dans une eau parfumée. Je te dis cela, c’est exactement une vision que j’eus, symbole de ses raffinements, de ses soins renchéris.

Que l’essence rare d’une fille riche soit un élément de séduction, tu ne le nieras pas. Des doigts qui n’ont jamais touché que des étoffes précieuses, que des métaux précieux, que de vraies perles, de vraies pierres ; des pieds qui n’ont jamais foulé que du vrai Beauvais, du véritable Aubusson ou des tapis persans ; des yeux habitués aux tableaux originaux, aux meubles de style, aux animaux de race, aux pur sang, aux objets de marque, des yeux qui ne voient au théâtre que les premières, aux concerts que les virtuoses, des yeux tellement nourris d’authenticités qu’ils ont le mépris de limitation, de la falsification, de la seconde main, de tous les similis, mon cher, cela crée à une jeune