Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/200

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je te disais que l’idée de mariage n’était pas déjà secrètement éclose en moi. Le nom du beau-père éventuel me causa un véritable effarement. Les fées aux mains de chimiste qui travaillaient dans mon âme eurent peine à vaincre mon sentiment de impossibilité. Restait, toute-puissante, l’envie de revoir Alice, de ressentir encore le rayon d’Alice. Je sais que Laffrey aussi a connu au début de son amour cette fatalité qui, à l’heure où l’on n’est pas complètement pris encore, vous ramène de force au foyer de l’obsession. Le dimanche suivant, je retournai au tennis de Saint-Cloud et je la retrouvai.

Je la retrouvai tout entière avec ce rayon que j’étais seul à voir. Et c’est alors que je compris que c’en était fait : l’idée de l’union avec ce jeune être somptueux avait pris corps en moi. Tout ce qui est arrivé depuis lors m’apparut comme sur un écran. Je me vis épousant Alice enfant ; son père m’élevant à un poste de grand vizir dans son usine ; m’offrant des appointements fabuleux pour l’expéditionnaire que j’étais, mais qui me permettraient de mettre aux pieds d’Alice un salaire digne d’elle ; nous faisant bâtir une villa blanche face au poudroiement de Paris et notre vie conjugale se déroulant dans le décor requis par la qualité de mon amour.