Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/30

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H… s’astreignait à lire tous les journaux. Un feuilletoniste du matin écrivait :

« Mademoiselle, je ne vous chicanerai pas sur votre charmante inexpérience. Si vous aviez seulement dix ans de plus, il est évident que vous n’auriez pas écrit que Monique… etc. »

Un autre :

« Pourquoi reprocher à l’auteur du Train Bleu cette mièvrerie, cette sensiblerie féminine qui suggère, par exemple dans la mort de « Paul-Henri », une émotion à la Desbordes-Valmore ? C’est bien le moins qu’une jeune fille de vingt ans écrive en femme et rende dans la littérature sa note spéciale. »

H…, après les critiques du matin, lisait ceux du soir :

« Cette jeune fille possède de beaux dons et irrécusables, et, chose rare, connaît à fond son dictionnaire. Mais, bon Dieu ! qu’elle apprenne à construire un roman et qu’elle attende au moins sa majorité pour publier, avec un peu plus de métier, ses rêveries d’adolescente. »

Le portrait de Ginette, aux cheveux drus, à la petite bouche ronde, aux yeux figés par le tirage à la rotative sur papier mince, illustrait ces articles. Elle pouvait se contempler à loisir là où elle avait envié naguère les reines de la Mi-Carême,