Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Il surveillait de près ses dépenses.

L’interlocuteur sentit là une amertume de subalterne insuffisamment rétribué et le poussa dans un coin pour plus de détails.

Fleuriot expliquait :

— La valeur de son revenu avait pratiquement beaucoup diminué depuis dix ans. IL était extrêmement sollicité et ne refusait jamais. Combien de chèques de dix mille francs, de quinze mille, j’ai remis de sa part. J’ai l’impression qu’il prenait sur son avoir dans ces cas-là.

Housselier de l’Institut, le médecin du défunt entra. Sa longue silhouette noire dont les croquis de journaux ont encore exagéré la sécheresse friable s’immobilisa au pied du lit. Sa mèche de cheveux célèbre coupait un front aussi blême que celui du mort. Il devait demeurer là plus d’une heure, non moins immobile que celui auquel il rendait visite. Autour de ce tête-à-tête, un piétinement continuait et l’on entendait toujours le torrent des automobiles rouler dans 0 ravin étincelant du boulevard.

Après que la troisième édition des journaux du soir eut été répandue, on vit arriver un public différent ; des dames de charité juives, des étudiantes de la Sorbonne qui apportaient des bouquets de violettes de Parme, des Sœurs de Saint-