Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/98

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Dans ces cas-là elle décidait de rentrer à Charlemart où, dès qu’elle avait touché les dalles foulées par les ancêtres, sa vaillance renaissait.

Elle y arriva un soir, bottée comme un Charlemart du quinzième siècle tout chargé de la rançon des villes ou des otages. Son portefeuille, à elle aussi, se gonflait de billets de banque républicains, car elle avait passé par Florac pour y recevoir deux ou trois mensualités. Elle décida là-dessus des réformes au cœur du château. À sa sœur Bertrande elle offrit une chambrière sous les traits d’une petite « maid » en robe courte et à tablier brodé, avec un soupçon de bonnet sur ses ondulations permanentes, qui remplaça la fille de basse-cour. Des tonnes de charbon furent commandées pour rétablir dans Charlemart le chauffage central. Ayant visité les écuries, vides maintenant et lézardées comme si le sol avait bougé, elle fit venir le maître maçon et s’en fut choisir elle-même une poulinière à la foire de Marvejols, afin que son père pût encore dans ses vieux jours monter à cheval.

— Ma chère Olive, dit le duc de son air éternel de persifler en bravant les circonstances, tu te sacrifies pour nous. Ce n’est pas juste. Je n’ai jamais estimé beaucoup le vieil Œdipe qui vendit en somme sa fille au Destin. La postérité m’eût