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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/123

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chée à quelque joli chapeau d’élégante. Et tout ce bruit de tempête fait de cris, de rumeurs sourdes, du grand houhou des délires publics, montait sans cesse, pendant que, régulièrement, en un mince tintement d’alarme, la petite sonnette présidentielle, aux mains du baron de Nathée, s’agitait sans qu’on l’entendit. Une seule personne, peut-être, la sentait lui résonner sinistrement dans l’âme, c’était la Reine. Hélas ! la petite sonnette tintait le glas sur les beaux jours de la popularité, elle donnait l’avis effrayant des choses qui se préparaient. Comment imaginer l’angoisse de cette maîtresse d’État à cette minute critique ! Ce grêle tocsin prophétique lui créait, sans doute, des visions sanglantes de révolution : la guerre dans les rues, les incendies, les atrocités dont est capable un peuple dément ; et il sonnait encore le désagrègement social, la dislocation du trône, et ce qui fait l’épouvante des rois, leur honte sacrée : la chute dynastique. Elle avait reçu l’outrage national ; le pays politique s’était détourné d’elle, et son blanc visage de cire, dans les chatoiements noirs du costume, n’avait pas eu la faiblesse d’un spasme. Ses yeux bruns, doux et puissants, regardaient toujours dans l’infini, mais elle, personne ne la regardait plus. Ses fidèles partisans même