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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/149

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sonnerie d’alarme, la phrase de quatre notes répétée deux ou trois fois de suite, précipitée, lugubre. Les sept hommes relevèrent leurs faces inquiètes, et le teint sombre de la souveraine se mit à blêmir : elle avait reconnu le clairon d’alarme de la garde. Il se passait donc au dehors quelque chose d’incertain, d’inquiétant, tandis qu’elle demeurait ici, seule au milieu de ces hommes hostiles dont il lui fallait se garder, comme d’une bande d’ennemis ? Pourquoi la garde sonnait-elle de cette manière, à cette heure, quand, il n’y avait un instant, Hansegel, qui centralisait. au palais tous les services, lui avait dit : « Relativement, tout est calme dans la ville ? »

Elle contint son émoi, mais non point son indignation. Elle sentait bien à quel point sa douleur, son reste de majesté bouleversaient ses adversaires ; mais que lui importait le combat intérieur que se livraient ces hommes, et l’étrange sentiment qu’elle leur inspirait, elle qu’avait secrètement aimée un empereur, elle qu’avaient adorée toutes les cours d’Europe et qu’avaient blasée sur ce genre de triomphe, tant de fois, les acclamations de la foule : des villes entières délirant d’enthousiasme, à sa vue, des milliers de voix amoureuses, dans la splendeur du plein air, aux belles