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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/172

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— Oh ! monsieur Saltzen ! est-ce vous qui me parlez de la sorte ! Est-ce que je ne m’appelle pas Madeleine Wartz ? Est-ce que tous les actes de mon mari ne m’atteignent pas ?

— Quels actes ?… demanda-t-il évasivement.

Ses doigts maigres comme des osselets d’ivoire jouaient sur son lorgnon. Il comprenait, à présent, le cas de conscience effroyable de Madeleine, et il sentait se tendre, entre elle et le mari dont il la savait si amoureuse, un de ces voiles impalpables que trament les imaginations scrupuleuses des femmes, voiles invisibles, faits de l’étoffe même des âmes, et qui séparent plus les époux que des barrières de fer. Donc, ce serait bien décidément sa fonction de travailler, au profit de celui à qui elle s’était donnée, le cœur de cette petite fille. À l’heure où elle se tournait vers lui, comme vers l’ami le plus délicat, le plus près d’elle, il ne le sentait que trop, — il devait, sous peine de commettre la plus triviale des fautes, la repousser par force vers le seul ami permis à une femme : son mari. Cela, c’était encore l’aimer, c’était même l’adorer, bien que le mot ne signifie pas toujours ce martyre de froide immolation.

— Quels actes ? reprit-elle, vous me demandez lesquels ? N’a-t-il pas rompu par son dis