Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/245

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des Wartz. Ses yeux flétris avaient un regard dur et froid ; sous ses pommettes, ses joues fripées et terreuses s’étaient creusées ; il était miné, mangé tout vivant par la maladie, une de celles qui sont implacables, qui tuent et qui donnent aux chairs cet aspect auquel les amis ne se trompent pas. « Vous avez été souffrant, docteur, disait Madeleine, contez-moi ce que vous avez eu. — Non ! » prononça-t-il.

Et Madeleine, avec la contention d’esprit des rêves, contemplait cette figure que ses seuls souvenirs édifiaient là, devant elle, toujours en passe de se fondre, de s’évanouir si sa pensée déviait. Sans s’étonner elle comprit pourquoi il refusait de répondre ; mais, par pudeur, elle fit semblant de se méprendre.

« Je vois, dit-elle, ce sont vos anciennes fièvres qui reviennent. Où avez-vous donc pris cela, mon Dieu ? — Ici », répondit le pâle visage de portrait.

Et il y avait quelque part, derrière elle, dans le vague de la chambre, une figure de Samuel qui riait méchamment.

Tourmentée d’envie de pleurer, Madeleine vint au vieil ami. Il était assis sur cette chaise, qui découpait sur le blanc de la fenêtre les angles de son dossier.