Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/307

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Sa tête retomba sur l’épaule de Wartz, quêteuse de baisers.

— Dis-moi que oui, que nous partirons.

— Je ne puis pas… je ne puis pas te le dire, bégaya-t-il.

Il hésitait à lui avouer le refus, l’implacable refus qu’opposait, sans défaillance passionnelle, tout son être ; mais jamais il n’avait à ce point senti le devoir de sa vie. Tout un peuple avait besoin de lui ; il était devenu l’âme du pays. S’en aller, c’était abandonner, par milliers, d’orphelines intelligences sur lesquelles il exerçait sa paternité de prophète. Certes, de grands esprits ne manquaient pas autour de lui ; il y avait surtout Wallein, qu’il appréciait tant maintenant, avec ses opinions poétiques plutôt que politiques, Wallein dont l’admirable sensibilité s’accordait à toutes les nuances des vibrations nationales, une merveille psychique, un phénomène, un cas. Cet homme ne pouvait-il pas connaître, en effet par une faculté occulte de son être, quel point géographique insufflait vers le cœur du pays les plus forts effluves républicains ? Mais Wallein n’eût pas remplacé Samuel, personne ne l’eût remplacé,

À son oreille Madeleine murmurait :

— J’ai peur ; ne me laisse pas ici. Saltzen kh