Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/317

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père — faisaient d’une rencontre une bagatelle où ils se lançaient, légers et sceptiques, insoucieux du danger, en cet acte d’élégance. D’autres y apportaient la fougue d’une opinion controversée, d’une vengeance à tirer, leur orgueil ou leur passion, leur colère. Samuel serait de ceux-là. Elle connaissait sa gravité, et cette espèce de douceur profonde qui ne se changeait, à un point donné, en violence que pour devenir une violence terrifiante. Des hommes comme lui, en se battant, tuent ou sont tués ; et Madeleine se souvint du jeune journaliste de Hansen, la poitrine déchirée sous la soie de sa chemise, mourant d’une blessure invraisemblable.

C’était au pistolet également que M. Furth s’était battu. La jeune femme en avait manié autrefois d’autres semblables à ceux-ci. Elle caressa de son doigt le canon lisse, elle scruta la crosse, les dessous luisants de la détente, et reconnut que ce n’étaient pas des armes neuves. Elles lui parurent même fleurer encore la poudre fraîche.

La vérité lui échappait entièrement. L’affaire avait-elle eu lieu, déjà, sans qu’elle le sût ? Mais rien, rien en Samuel les jours précédents, n’avait pu laisser pressentir une préoccupation plus grave que les soucis habituels. Le mystère de sa vie lui était, il est vrai, bien caché, mais elle ne suppo-